[Cent]
Taire le désir, mettre les gestes en absence.
Aussi.
Je ne tiens plus les promesses. Mes*. Je ne tiens plus le nom des jours. Je ne tiens plus l'exactitude d'une suite chronologique. Je ne dis plus demain. Je dis bientôt.
Aussi.
Je n'écris rien là-dessus, ou pas tout, ou si peu, parce que... Parce que je n'en sais rien. Ou bien, je ne sais que trop.
Aussi.
Je contourne mon passé tout en y laissant traîner des pensées et j'omets du présent, alors demain...
Aussi.
Je crois avoir un problème avec le talent. Des autres. C'est toujours mieux ailleurs.
Aussi.
Les (peu) regards absents, m'intimident. J'imagine des yeux, bruns, gris, verts, bleus, des yeux sans couleur.
Aussi.
Je prends toujours une taille au dessus, des fois que. Je ne suis peut-être pas celle que je crois, finalement.
Aussi.
Dès qu'un homme a une quelconque attirance, qui pour un instant me jette un regard tendrement insistant, je sens que quelque chose en moi n'y croit plus vraiment, quelque chose qui me fait reculer un peu plus loin.
Aussi.
Dormir dans de petites nuits optimistes, et plus tard, fixer la diode rouge de la machine qui clignote beaucoup , comme pour me dire, beaucoup trop de caféïne. Cafés pris corps à la verticale.
Aussi.
Depuis, je formate des disques durs à merveille, mais, depuis, je n'ai toujours pas trouvé comment formater le mien avec ses excentriques giga-octets.
Aussi.
Mon silence n'est jamais impuissance. Il est abstraction, atténuation, absentéisme, effacement, suspension, et parfois, interruption programmée.
Aussi.
Quand on m'offre l'attache, je la lache. Je me laisse en contre-nuit pour laisser la lumière.
Aussi.
Je vais très bien.
Sinon.
Très.
V, comme au bon vieux temps de nos escapades, ne change pas. Quelques rides de nos rires. Quelques écratignures de nos chutes.
N, comme au bon vieux temps de nos petits délires dans l'obscurité à parler de garçons qui pourraient nous aimer sans réciprocité, ne change pas, elle parle toujours des garçons, dans la clarté.
A, comme au... A tenu sa promesse, elle a fait un enfant toute seule.
P, comme au bon vieux temps, ne change pas et ne se lasse pas de regarder défiler les vies.
Ce serait la période des vieilles amitiés au hasard des rues d'une ville, nos échanges comme des échos qui recomposent notre temps.
Cinq cent dimanches ou peut-être plus.
Je me laisse bercer par le claquement des grosses gouttes de pluie sur l'avant-toit. Jour gris et je reste au chaud sous le vieux plaid cousu main.
Je crois me rappeler ces automnes d'enfance en altitude. Je crois me souvenir de ces journées tristes pour quidam où le temps s'étirait en longueur sous un ciel lourd de pluie. Je crois me rappeler que j'allongeais déjà mes petites insouciances sur ce canapé, sous le plafond de bois qui chantait. Je laissais errer mon regard sur les flammes dans l'âtre. Peut-être alors que j'aimais vraiment cette maison, là-bas, la nécessaire à l'oubli et au coeur ficelé. Je crois que souvent, je m'installais sur l'escalier extérieur et y racontais l'incroyable histoire de mon imagination. Et peut être aussi, peut être que comme aujourd'hui, je réunissais mes rêves en un livre et allais m'enrouler dans le vieux plaid cousu main.
Deux paroles et des (leurs) yeux penchés sur mon épaule...
La courbe du regard, mes gestes défaillants, avec une petite volupté acide de refuser les conformités, que je rejette depuis, dont je me moque parce que j'aime faire la connerie de temps en temps. J'entrouvre la fenêtre pour prendre l'air. un air presque liquide, qui innonde mes yeux. Plus tard, je ne dis rien. Je sais l'aphone.
Ou le contraire.
Le regard défaillant, la courbe de mes gestes, offerte, je fume l'autre cigarette, celle de trop qui pique la gorge, appuyée au zinc, je reprends l'autre verre, celui qui fait encore sourire la nostalgie, en jurant à la tentation d'être encore projetée contre la face de ce monde. Et je joue des cheveux entre mes doigts de ce coin vide qui est mien. Je n'ai jamais su dire au plus-que-parfait. Parce que j'suis loin de l'être. Pas plus présente que lointaine, traversée d'une silhouette fantomatique juste dans une limite distance mais toujours comme si... Je cherche toujours et inlassablement, des souvenirs, des survivances, des preuves comme dans un process sans fin.
Mon univers à moi, c'est un peu ça.
Que dire ?
Il me faudrait l'art et la manière de faire feu de mots qui donneraient mes images, mais pour l'instant qui n'en n'est pas, ça continue à se solidifier au plafond, the storage memory, insondable. Même si plus rien ne tient à la verticale, je suis bien, fabuleusement bien dans ce brouillard d'incertitudes.
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Toutes ces choses qui crèvent les yeux -qui ne crèvent que les miens.
Toutes ces choses qui s'en éloignent -qui n'éloignent que moi.
"Perdre pied peu à peu, du fait de l'incertitude, au point que ses pensées et son esprit sautillent de-ci, de-là, comme un oiseau jusqu'à ce qu'un beau jour ses forces le trahissent".
Soyons heureux et retrouvons-nous, beaucoup plus étourdis encore.
Et un partir me traverse quand je regarde par transparence au delà de mon échafaud. Partir pour en revenir au même, peut-être. Des bases revenaient à la vitesse d'un boomerang et avec elles toutes les fissures non colmatées. En m'oubliant, j'en oublie les autres. En les attendant, je n'en attends plus rien. De leur indifférence, l'enveloppe devient plus dense. Et, je me retourne pour m'apercevoir (enfin) que ces bouts de petite vie rangée, engagée, trompée, flouée pour souvent, n'auront servi à rien, ou presque. Un presque, qui ne me suffit plus. Une communication faite de signes n'est pas, ou n'a jamais été pour ma peau. A trop vouloir faire le bien, je le fais mal. Je me fais mal. Envie et besoin ne font désormais plus qu'un. On ne verra toujours rien sur la couche. La sous-couche faisant le reste. Et le faisant si bien. Alors, si partir me traverse encore, c'est sûrement pour en revenir au même. Je n'ai jamais été qu'ailleurs.
Avais-je déjà écris ça quelque part ?