[Quatre-vingt]
Parfois, c'est drôle la vie qui passe et qui n'abîme pas tout. Drôle que ce tout soit inchangé. Ca m'agace et me fascine. En fouillant mon "antre", j'ai retrouvé à l'intérieur une feuille pliée, envoyée par e-mail. Je crois. Au dos on peut voir apparaître un itinéraire, un chemin que je devine déjà par transparence. A l'époque, il avait "tapé" que nous pourrions nous retrouver là. J’avais aussitôt écrit sur le reste blanc, une sorte de réponse jamais envoyée. Quelques mots novices d'un début inconnu pour moi, d'un probable ensemble incertain. Même écrite de manière spontanée, je l'avais toute bien ficelée, de peur que la soudaine passion se consume trop violemment. Je ne le savais pas, mais, elle existerait encore plus vibrante que jamais dans ma mémoire et sur ce papier. Là, dans les replis d'un quotidien, dans les doutes qui collent au dos, dans le hasard d'une histoire qui était née intensément. Il est de ces moments importants qui s'engouffrent dans le creux, qui nous font tisser jour après jour le verbe aimer qui n'ose pas avouer son nom. Et tout s’enchaîne très vite dans l'attirance folie, avec une addiction presque déraisonnable. Et tout se fait naturellement, sans débordement. Tout s'enroule sans trop le dire pour ne pas être douloureux. Dans ce carton, je remets la feuille repliée, envoyée par e-mail. J'en suis sûre maintenant. Il s'agit d'un itinéraire. Par transparence on peut suivre un chemin qui était peut-être déjà tracé, qui sait...